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Radha

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Radha était sortie peu avant l’aube pour rejoindre le coude de la Yamuna en amont de Vrindavan. La nature était en fête. Le chant multiforme des passereaux couvrait le beuglement des buffles se prélassant dans le fleuve, leurs museaux et leurs cornes à peine visibles au milieu de cette brume tendre et légère qui s’élevait lentement sur les eaux. L’orbe solaire pointait enfin ses premiers rayons au-dessus de la haute cime des banyans. Les ibis et les aigrettes contemplaient la paix sereine et sacrée du rivage.

 

Radha venait de poser ses pieds sur le limon doré qui longe la rive verdoyante. Quelques hérons s’approchaient lentement du lieu béni, n’osant troubler la sérénité du moment alors que les grenouilles, comme jamais silencieuses, semblaient les narguer au milieu des feuilles de lotus.

 

Radha était seule et fixait le cours des eaux alors que quelques filaments d’émeraude d’algues heureuses venaient La caresser avec douceur et tendresse. Les fleurs de lotus s’ouvraient à la brillance du moment.

 

La grâce de Radha sublimait les eaux du fleuve et le foisonnement de la vie. Le firmament tout entier semblait verser en ces instants uniques la lumière pure et invisible de Dieu Tout-Puissant dans le courant du fleuve devenu sacré.

 

C’est alors que la flûte de Krishna se fit entendre à quelques distances en aval. La nature devint silence. On entendait les Gopis se rendre à la rivière, appelées par la suave et exquise mélodie, puis se baigner dans la joie et l’exaltation. Mais quelle était cette joie nouvelle qui les étreignait ? Cette effusion intérieure qui les enveloppait dans la tendresse du courant ?

 

La paix régnait sur le monde.

 

Sortis tout en silence des roseaux à quelques brassées en amont, une tigresse et son petit traversaient la rivière.

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