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Gwen Verez

L'intelligence du Cœur

« Nous devons nous méfier des extrêmes et ne pas perdre de vue le fait que l’harmonie exige une certaine proportion de sentiment dans l’intelligence. De même qu’un son absolument pur devient insoutenable à la longue, l’intelligence serait intolérable si elle n’était pas adoubée par les qualités du cœur. Une intelligence sans bonté est une monstruosité qui peut devenir dangereuse. La sagesse qui représente un idéal humain poursuivi depuis des millénaires, est plus féconde que l’intelligence pure car elle est le résultat d’une combinaison, des qualités intellectuelles, des qualités morales et des qualités du cœur de l’homme. Il y a entre la sagesse et l’intelligence la même différence qu’il y a entre une rosée bienfaisante et le jet d’eau brutal d’une lance incendie qui arrache la terre et met à nu les racines.

Un être parfaitement bon est supérieur à un être exclusivement intelligent, parce qu’il est plus profondément humain et possède une compréhension plus réelle des faiblesses et des ressources humaines. Il est spontanément moral car toutes les règles morales sont condensées dans cette phrase si simple et si riche : « Aimez-vous les uns les autres. »

Quel progrès avons-nous fait dans cette voie ? Je crois sincèrement que dans le domaine sentimental, et en ce qui concerne le loyalisme, la fidélité et l’amour désintéressé, notre humble compagnon le chien a évolué plus vite que nous. La période de lactation passée, la chienne oublie ses petits mais ne cesse jamais d’adorer son maître.

Un jour doit venir où nous serons capables d’aimer ; où la bonté, la sagesse et l’intelligence régneront parmi les hommes qui auront appris à vénérer cette dignité humaine qui doit être leur but et leur œuvre. Ils s’étonneront alors, si des documents ont pu leur parvenir, que leurs ancêtres aient vécu si longtemps côte à côte avec la vérité sans la voir.

En attendant, souvenons-nous, pour nous consoler de l’éloignement de cet idéal, qu’en ce qui nous concerne individuellement c’est l’effort qui compte. Notre bonheur, la réalisation de nos espoirs dépendent de la sincérité et de l’intensité de notre effort, et non d’un résultat accessible. Plaçons toujours notre but trop haut pour pouvoir l’atteindre et quelque soit la nature de nos travaux, souvenons-nous que la lumière est au-dedans de nous et que toute tentative pour la trouver au-dehors est vaine.

Cette dernière phrase paraîtra claire à ceux-là seuls qui appartiennent au rameau évolutif, qui portent en eux les promesses de l’avenir. Elle semblera incompréhensible et vide de sens aux autres. »

Lecompte du Noüy -



La Dignité Humaine, chapitre VI

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